Message Ven Mar 28, 2008 5:23 pm

Cyrano de Bergerac

Je mets ici une critique d'une pièce de théâtre. Aura-t-elle sa place ? À vous de juger...

_Samedi 22 mars 2008 :
.Cyrano de Bergerac (d’Edmond Rostand) (mise en scène : Marie Gignac) (Le Théâtre du Trident {salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec}) (20h00)

« Cyrano de Bergerac » est un texte mythique, que tout le monde connaît, et qui se déguste pourtant à chaque fois avec appétit et envie. Fort d’un passé plus que prestigieux (dont une adaptation à l’écran avec, dans le rôle-titre, un Gérard Depardieu en grande forme dit-on), la pièce est encore une fois jouée, cette fois-ci à Québec, au Trident.
Après, notamment, « Les mains sales », Marie Gignac s’est attelée à ce grand projet, réunissant encore une fois la même équipe (costumes, décors, etc.). Et même si elle a du couper dans le texte (qui fait 4 heures au total ; le spectacle n’en faisait que 2 et demi), elle a su garder l’essence même de la pièce, ce qui la caractérise et ce qui en fait l’une des plus grandes pièces de théâtre jamais écrites.
C’est avec un immense plaisir que nous revoyons, que nous rejouons presque, ces scènes mythiques, de la tirade du nez à la finale très émouvante, en passant évidemment par la scène du balcon. Des scènes gravées dans les mémoires, et sur lesquelles Gignac et son équipe ont su apporter un éclairage nouveau. Le personnage de Cyrano est lui aussi mythique. Représentant par excellence du sacrifice amoureux, son histoire, sa verve, et sa fin tragique sont connues par tout un chacun, et tout un chacun se reconnaît un peu dans ce véritable mythe.
Car tout le monde a vécu, à l’instar de Cyrano, des histoires d’amour compliquées, déchirantes. Les décors sont somptueux, les changements de ceux-ci sont très efficaces (dont à l’animation musicale, une sorte de rap composé de pièces classiques), et que dire des costumes, sinon qu’ils font croire que l’on est vraiment à l’époque du XVIIe siècle.

Si la distribution est excellente (soulignons le travail de Serge Bonin dans le rôle de Montfleury, Denis Lamontagne dans le rôle de Ragueneau, Maryse Lapierre dans le rôle de Roxanne, et Lucien Ratio dans le rôle de Christian), personne n’arrive à la cheville du grand Hugues Frenette qui campe un Cyrano parfait, émouvant, convaincant, sympathique, etc. Frenette, qui passe de Sartre à Rostand en un claquement de doigt, et avec efficacité, est le Jack Robitaille de demain : un touche-à-tout génial, un grand acteur, un fier représentant de la ville de Québec, et même à la limite un magicien, un acteur qui met en geste des mots et un destin hors du commun.

Concluons en rappelant la pertinence actuelle (et pour toujours) de « Cyrano de Bergerac » : à travers ses thèmes universels et intemporels, Rostand a signé là, peut-être sans le savoir, un des plus grands chefs-d’œuvre du théâtre, un texte fondateur qui, s’il continuera d’être étudié dans le futur, s’est vu adapté au Trident ce soir-là, en 2008.
Avec ce succès bien mérité, vu que toutes les représentations affichaient complètes depuis bien longtemps, et que les supplémentaires s’envoleront, espérons-le pour la réussite de la pièce, comme des petits pains chauds, du pâtissier Ragueneau évidemment !