L'équipe forum101 mod.
Messages: 3012
Inscription: Dim Mar 13, 2011 10:02 am
Localisation: Québec
Instrument: GratteS à 6 cordes
Accessoires: bottlenecks
Bottleneck - Guitares
Historiquement, l'aventure que nous vous proposons prend véritablement son essor il y a environ 100 ans, soit vers 1920 aux États-Unis. Un certain M. Dopeyra fabriquait, réparait et vendait des violons. Il faut dire qu'à l'époque les groupes (de saloon?!) comptaient des instruments tel piano, violon, contrebasse et banjo. Les trois aînés Dopeyra construisaient des banjos sous la marque National.
Vers la même époque, la guitare devenait également populaire : C.F. Martin n'avait-il commencé à produire des guitares dès 1833? Il s'inspirait au début des violoncelles, ce qui a donné les modèles à caisse bombée, d'où l'appellation «archtop». Les caisses planes («flat top») arrivent plus tard.
La projection sonore des guitares n'atteignant toutefois pas le niveau de ses bruyants partenaires de jeu, en 1926, les Dopeyra eurent l'idée de mettre au point une guitare amplifiée (sans électricité). De ce projet naquit la première guitare à résonateur métallique formé de trois cônes (marque «National»), le chevalet étant directement fixé sur ces cônes. Insérant d'abord les cônes dans des guitares de bois, ils fabriquèrent aussi des guitares toute en métal, incluant caisse et manche. Ce modèle fût très bien accueilli par les musiciens américains.
Ultérieurement, les frères Dopeyra quittent National et fondent la compagnie Dobro (DOpeyra BROthers). En 1929, ils mettent en marché la guitare Dobro, un nouvel instrument muni d'un nouveau système de résonateur. Dobro rachète ultérieurement National, mais la fabrication de résonateurs est malheureusement interrompue pendant la guerre 1939-45 en raison des restrictions sur le métal. C'est en 1960–1961 que Ed Dopyera décide de relancer la fabrication des guitares Dobro en tous points semblables à celles de 1929 : il les appellera Original. Malheureusement, l'arrivée de la guitare électrique n'a pas permis aux résonateurs de relancer la vogue d'avant-guerre.
Il y a eu aussi une vogue pour les «cigar box» qui, comme le nom l'indique, étaient fabriqués en posant un manche sur une boite de cigares en bois. L'instrument était doté de 3 ou 4 cordes. Il y a encore des adeptes de cet instrument rustique sur lequel certains posent un «pickup» pour l'amplifier.
En comparaison, fait de nos jours en apparence inusité, mais qui se comprend bien quand on imagine les piètres moyens financiers et de transports de l'époque, de nombreuses vedettes firent dans cette période leurs premières armes sur des guitares commandées via le catalogue Sears, donc plutôt bas de gamme. Certains doutent que Robert Johnson, dont la carrière fût plutôt brève, ait vraiment pu s'offrir une guitare de qualité (Gibson ou National).
La marque Dobro appartient maintenant à Gibson, cf. Dobro Hound Dog, guitare de bois contenant une résonateur de type «spider». La maison qui a depuis plusieurs années la cote s'appelle National Resophonic, celle qui produit les instruments haut de gamme. De nos jours, plusieurs autres marques ont fait leur apparition sur le marché, la plupart offrant des instruments plus abordables, le plus souvent fabriqués en Asie... et, il faut malheureusement le dire, de qualité variable.
Les résonateurs ne sont clairement pas tous identiques. En fait, si le principe des résonateurs repose sur l'utilisation de cônes d'aluminium (ou alliages d'aluminium), c'est le mode de transmission des vibrations des cordes qui diffère. Il y a le tricone, celui qui se démarque par l'aspect de barre en T couvrant le chevalet, et les autres, qui comptent 2 modèles qui, visuellement, apparaissent similaires la caisse étant occupée par un disque métallique porteur du chevalet: «biscuit» et «spider».
Le «biscuit» tire son nom du fait que le chevalet repose sur le sommet du cône. Le «spider», dont le cône est inversé, doit son nom à un treillis solide (style toile d'araignée, d'où le terme «spider») reposant sur le pourtour du cône et accueillant en son centre le chevalet. En fait, le «spider» élimine un problème inhérent au principe du «biscuit» : la pression des cordes transmis par le chevalet a tendance à écraser le cône, ce qui, à long terme, abaisse le niveau du chevalet et réduit la qualité de transmission des vibrations des cordes au cône. Quant au tricone, la barre en T repose solidairement sur la base de ses trois cônes, ce qui exige un excellent ajustement : c'est pourquoi, à moins de garanties de qualités suffisantes, on achète pas une tricône sans l'avoir essayé (on a vu des sons étouffés à cause d'un ruban gommé inapproprié comme des cônes flottants...).
Compte tenu de modes de constructions différents des résonateurs, leurs sonorités, bien que globalement très différentes de la guitare tout en bois, différera d'un modèle à l'autre. Globalement, le son des résonateurs s'approche davantage de celui du banjo, mais en plus doux, comme la guitare.
On peut donc jouer du «bottleneck» sur différents types de guitares, dans différents styles musicaux, pour peu que la touche soit suffisamment haute pour éviter que l'accessoire ne bute sur les frettes. Une guitare qui a mal vieilli et dont le manche s'est un peu arrondi, la touche s'étant élévée, fait d'ailleurs très bien l'affaire, du moins au début. Une exception cependant : comme le style «slide» est une affaire de capacité des cordes à produire une vibration prolongée («sustain»), les cordes de nylon s'y prêtant mal, la guitare classique ne donnera pas l'effet optimal. Mais comme tous les goûts sont dans a nature, on n'ose la proscrire, mais la guitare classique ne constitue pas un classique du genre ! (S'cusez-lâ!)
Le calibre des cordes est aussi à considérer : pour un même accordage, des cordes plus grosses, donc sous une plus grande tension, donnent de meilleurs résultats. Et qui dit grosses cordes dit aussi généralement grande guitare. Rory Block joue sur une grosse dreadnough Martin, modèle Rory Block (cordes 0,013?)! Les joueurs de country utilisent même le calibre 0,016 (corde de marque John Pearse) sur Dobro Hound Dog. John Hammond joue sur résonateur National avec des cordes D'Addario 0,014 car même les 0,013 ne résistaient pas à son jeu énergique (et aussi parce que D'Addario produit un jeu de corde dont la 3è est lisse comme les 1ère et 2è; elle produit également des cordes «Flat Top» dont l'enroulement extérieur offre un relief moins «vallonné»). Incidemment, des cordes planes, utilisées en jazz, peuvent aussi être utilisées, mais, produisent un son plus terne. Enfin, certains accordages ouverts pourront éventuellement influencer le calibre de cordes puisque c'est la tension qui importe : des accordages près du standard EADGBE tel Open D DADF#AD et des Open G DGDGBD ou GBDGBD s'accommodent très bien du calibre de cordes recommandé par le fabricant de votre instrument; par contre, l'open-C CGCGCE pourra par exemple donner de meilleurs résultats sur des cordes 0,014 au lieu de 0,013. Mais attention : un tirant global (somme des 6 cordes) plus élevé que les cordes recommandées en accordage standard risque de causer une déformation permanente du manche, de la caisse et/ou un décollement de pont. Ce n'est pas pour rien que certains instruments comportent un appendice qui, partant du pont, s'attache sur le côté de la caisse près du bout inférieur, y transmettant ainsi la tension qui ne serait autrement supportée que par le pont.
Ce qui m'amène à une ultime considération concernant le choix de gratte. Une foi que, fort de tous ces invitants propos, vous aurez tâté du «bottleneck» au point d'y devenir accro., vous souhaiterez sans aucun doute aplanir quelques petits désagréments. D'une part, les deux accordages que nous aborderons (Open D et Spanish Open G) abaissent la tension globale des cordes sur le manche : si l'action des cordes était initialement basse, ça pourrait bien se mettre à friser et surtout, le «bottleneck» risque bien de cogner le manche. À l'inverse, d'autre accordages augmentent cette tension, ce qui courbera le manche de façon quasi imperceptible à l'oeil, mais les muscles de votre main ne s'y laisseront pas tromper si vous devez fretter des notes sur le manche. Idem si votre instrument vous permet d'y monter des cordes de plus fort tirant. Si vous en arrivez à ce stade d'ajustement, il vous faudra considérer de dédier une gratte au style... et de l'apporter à votre luthier préféré pour un ajustement de sillet de tête, de pont et/ou truss rod.
En somme, on ne le répétera jamais assez, le choix d'un instrument de musique est une affaire toute personnelle : si on peut vous indiquer des paramètres à vérifier, il n'appartient qu'à vous seul de déterminer ce qui vous convient, l'instrument avec lequel vous êtes confortable. Et attendez-vous à ce que ce choix ne sera pas immuable car vous évoluerez et devrez donc changer d'instrument au fil du temps... c'est l'éternelle histoire de la vie, non ?!
Enfin, si la plupart sont utilisées devant microphone externe, sachez qu'il est possible d'amplifier une guitare de type résonateur : il faudrait cependant vous en informer dès l'achat, car ce domaine est en évolution (il est actuellement plus difficile d'équiper un tricone qu'un «spider» ou un «biscuit»).
Il y a par ailleurs fondamentalement deux façons principales de jouer en style «slide» : sur guitare à plat et sur guitare verticale. J'en toucherai un mot en traitant du «bottleneck».
Raison: ajusté adresse youtube