Message Jeu Oct 03, 2013 6:38 am

Composition/Modulation – II- progression d'accords

II – Intérêt des progressions d'accords

Je mentionnais précédemment qu'on pouvait d'abord simplement tenter de jouer l'oeuvre a rebours. Suivant le principe que la grande majorité des mélodies sont construites selon la suite I-IV-V afin de produire une tension qu'on va résoudre en finale, jouer à rebours ne serait pas la trouvaille du siècle. Néanmoins, on ne perd rien d'essayer et qui sait ce que ça aura éveillé en vous! Cette méthode risque peut-être de donner de meilleurs résultats si les séquences ressemblent plutôt à I-V-vi-IV, vi-IV-I-V ou encore I-vi-II-V. Hop là! Ne vous en faites pas si cette façon de représenter une suite d'accords vous est inconnue, j'y reviens avec les «progressions d'accords». J'espère que vous ne m'en voulez pas trop de titiller ainsi votre curiosité...

Pour entrer dans le vif du sujet, prenons une progression d'accords (tirée d'une vieille chanson folk...):

D – G - D - G
D – A – G – A
Bm – C – G – C
D - A – C – G (AD LIB.)

Afin de faciliter les manipulations, il s'avère particulièrement utile de codifier la suite d'accords composant l'oeuvre. Pour ce faire, on utilisera les progressions d'accords, «I» correspondant à la tonalité de base  (pour plus de détails, cf. la chronique «Du rapport I-IV-V):

  Code:
I    ii    iii    IV    V    vi    VII

A    Bm    C#m    D    E    F#m    G#-
Bb   Cm   Dm   Eb   F   Gm   A-
B    C#m    D#m    E    F#    G#m    A#-
C    Dm    Em    F    G    Am    B-
D    Em    F#m    G    A    Bm    C#-
Eb   Fm   Gm   Ab   Bb   Cm   D-
E    F#m    G#m    A    B    C#m    D#-
F    Gm    Am    Bb    C    Dm    E-
G    Am    Bm    C    D    Em    F#-

(Désolé pour la fuite de la mise en forme, il vous faudra rephaser dans votre traitement de texte)

La codification se fait en chiffres romains ce qui permet une convention supplémentaire :roll: , soit représenter les accords majeurs en majuscules, tandis que les accords mineurs y seront codifiés en minuscules. :wink:

Comme la pièce de référence est écrite en D, simplifions en extrayant la ligne appropriée de progression d'accords, soit la tonalité D :

I ii iii IV V vi VII
D Em F#m G A Bm C#-

On peut donc convertir la pièce nominalement en D

D – G - D - G
D – A – G – A
Bm – C – G – C
D - A – C – G (AD LIB.)

en progression générique, codifiée numériquement

I – IV – I – IV
I – V – IV – V
vi – bVII – IV – bVII
I - V – bVII - IV

Si vous ne le saviez déjà, vous aurez probablement compris qu'à partir de cette formulation on pourrait transposer dans n'importe quelle tonalité. 8) Les jazzmen ainsi que certains compositeurs vont d'ailleurs préférer annoter leurs partoches de cette façon plutôt que d'y inscrire les noms d'accords correspondant à une tonalité en particulier : ça leur permet de changer de tonalité à pied levé! :mrgreen: Jusqu'ici toutefois, rien de bien sorcier. :wink:

C'est bien beau les changements de tonalité, dites-vous, mais ça conserve le même pattern, mais en plus grave ou plus aigu. Du pur plagiat, finalement! En principe oui, mais certaines tonalités, en raison de la disposition des notes sur le manche de guitare, se prêtent à la composition de mélodies qui seront très différentes de l'originale.

À titre d'exemple, dans le cas de la suite en D présentée, il est intéressant, de constater qu'en transposant en G, on pourra fabriquer une mélodie plus grave que dans la tonalité originale en D, si, au lieu de jouer avec les variations de D = xx0232 sur les trois cordes aigues, on centre, en G = 320003, le jeu sur les trois cordes graves.

Une autre avenue serait de s'orienter vers une coloration Blues, en transposant en E, tonalité qui se prête particulièrement à ce style.

Voilà donc comment une transposition de tonalité, en apparence relativement banale, pour nous mener vers des adaptations en d'autres styles musicaux.

Dans la prochaine section, on poussera la personnalisation d'une œuvre dans une autre direction... :mrgreen:
Pour le temps qu'il me reste ? PASSION MUSIQUE !!!