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Comprendre le Blues : LE SECRET !!!
IV - Retour vers la théorie musicale... appliquée à la guitare !
Lorsqu'il est question de matérialiser un solo, que ce soit en composition comme en improvisation, on peut se demander si on doit partir d'une gamme ou d'un accord.
Si des musiciens, dont Happy Traum et Fred Sokolow, enseignent qu'on peut reconstruire la mélodie d'une pièce à partir des accords d'accompagnement, on se rend tôt compte à l'usage que, même dans une pièce relativement simple, les notes de l'accord ne suffisent pas.
De fait, il faut «voir», sur le manche, la gamme dont on est tiré l'accord, afin d'y puiser les notes manquantes. Et puisqu'on joue habituellement les accords d'accompagnement en position ouverte, il vous faudrait donc visualiser autant de gammes qu'il y a d'accords dans la pièce. Au final, votre répertoire musical vous obligerait d'apprendre toutes les gammes, à moins que vous n'adaptiez toutes vos pièces dans la même tonalité, ce qui vous obligerait tout de même d'apprendre au minimum trois gammes, soit celles des accords I-IV-V !
Je ne sais ce qu'il en est pour vous, mais ma paresse coutumière, luttant continuellement contre mon insatiable volonté de comprendre, me coupe l'envie de me farcir toutes ces gammes en cherchant un substitut plus simple. Et ma paresse, mais surtout mon aversion pour la monotonie m'empêchent de tout transposer dans la même tonalité.
Remarquez que de partir de chacun des accords ouverts constitue une avenue intéressante, surtout si vous considérez qu'en mobilisant les patrons d'accords de base (A,D,E) sur le manche, le «CAGED system» serait utile pour modifier le «voicing» des accords... et des solos. Si cette voie vous parle, allez-y ! Je produirai d'ailleurs un addendum («CAGED system» pour le soliste») au cas où vous voudriez l'explorer.
Vous comprenez néanmoins que la question quant à savoir si on doit partir d'une gamme ou d'un accord est plutôt rhétorique puisqu'un accord est fabriqué à partir d'une gamme. Mais comment fera-t-on pour ne pas se farcir toutes les gammes, ni le «CAGED system» ? Vous verrez, ça ne sera pas sorcier et ça ne fera pas mal !
V - Le secret du Blues !
Au fil de mes lectures, je me suis rendu compte que cette question rhétorique gamme vs accord m'a longtemps égaré. De fait, si comme moi vous avez consulté des partoches de Blues, vous savez qu'on y rencontre le plus souvent des Blues en Mi, Ré, La et Sol et que les accords d'accompagnement, comme je l'ai indiqué à propos des suites I-IV-V, sont de fait des accords majeurs. Bon, les accords de 7è sont fréquemment retrouvés, mais les accords mineurs sont rarement rencontrés, n'est-ce pas ? N'en êtes-vous pas surpris ?
De fait, en Blues, l'expression de la souffrance de l'âme n'appellerait-elle pas l'usage des gammes (et accords) mineures, décrites comme apportant un élément de tristesse, au contraire des omniprésentes et réputées énergiques et joyeuses gammes (accords) majeures ?
Pour tenter d'y voir plus clair, livrons-nous à une petite analyse comparative. Rien de très lourd ni ésotérique, rassurez-vous! Prenons le Do en première position (accordage standard) :
Voyons donc la gamme de Do (majeure) sous-jacente :
Si cette numérotation s'apparente pour vous à du chinois, voici la termnologie anglo-saxonne (plus compacte, schématique que la dénomination française):
Comme cette gamme de Do majeur comporte beaucoup d'information, du moins plus d'information que nécessaire pour les fins des démonstrations à venir, voyons si on peut l'alléger en élaguant quelques notes. Pour ce faire, référons-nous à des gammes simplifiées connues, soit les gammes pentatoniques mineure et majeure correspondantes, la gamme majeure éliminant la quarte et la septième, tandis que la gamme mineure, en particulier, escamote la seconde et la sixte.
Gamme MAJEURE pentatonique de Do (la Tonique est en majuscule «T») :
Gamme MINEURE pentatonique de Do (la tonique est en minuscule «t») :
J'ai mis la tierce et la septième entre guillemets pour bien souligner qu'elle sont bémolisées, abaissée d'un demi-ton par rapport à la gamme majeure.
Constats :
- Par définition, les deux gammes, mineure et majeure, ont la même tonique (en anglais «root» racine);
- Les deux gammes comportent aussi la même quinte (5);
- si on pense en terme d'accord, c'est la tierce (3) mineure, diminuée d'un demi-ton (une case) en comparaison de la tierce majeure, qui fait la différence;
Remarquez incidemment que la 7è appartient à la gamme mineure.
Pour en revenir à l'objet de la démonstration : où se situe donc l'accord de Do par rapport aux gammes pentatoniques ? Par définition, notre accord de Do est majeur. Mais Do 7è empruntera à la gamme mineure ! Tiens donc ! Êtes-vous surpris ?
Enfin, Si vous allez chercher ce qu'il est convenu d'appeler la «gamme de Blues», vous constaterez qu'il suffit d'ajouter la «blue note», soit b5, à la gamme mineure pentatonique pour l'obtenir :
Donc, le secret du Blues est que l'accompagnement se fait en mode majeur (plus ou moins accords de 7è), tandis que le soliste ira plus volontiers surfer sur la gamme pentatonique mineure !
Le puriste me dira qu'on emprunte aussi aux gammes majeures dans certaines circonstances, comme sur l'accord I de la première mesure. Bon, tenons-nous-z-en à la base, restons dans la simplicité voulez-vous : on utilise la gamme de Blues, mais toute note produisant l'effet désiré est la bienvenue. Tout le monde est content ?! Comme toujours, une fois les règles de base comprises, on peut élargir ses horizons, tous les coups sont alors permis.
Un autre détail, ô tellement important. À la base, un solo doit coller à l'accord sur lequel il est joué. Ainsi, dans un Blues en Do, en vertu de la suite I-IV-V, les solos surferont respectivement sur les gammes dont découlent les accords de Do, Fa et Sol, mais généralement en mode mineur.
Comprenez-vous mieux maintenant pourquoi situer la gamme de Blues appropriée à partir de l'accord majeur constitue un joli casse tête ! L'accord vous aide à situer la tonique les tierce et quinte majeures (et la septième mineure), mais il vous faut impérativement la tierce mineure plutôt que majeure. Bon, je dois dire ici que je me sens comme un représentant qui vend sa salade, on verra plus tard pourquoi.
Si cette règle de superposition des gammes majeure (accord) et mineure (solo) ravive chez vous le spectre des cinq positions de trois gammes distinctes lors de vos solos, n'ayez crainte, je le répète, on vous proposera une vision plus simple des choses ! En fait, c'est la motivation principale qui m'a incité à commettre ces textes à propos du Blues.
Lorsqu'il est question de matérialiser un solo, que ce soit en composition comme en improvisation, on peut se demander si on doit partir d'une gamme ou d'un accord.
Si des musiciens, dont Happy Traum et Fred Sokolow, enseignent qu'on peut reconstruire la mélodie d'une pièce à partir des accords d'accompagnement, on se rend tôt compte à l'usage que, même dans une pièce relativement simple, les notes de l'accord ne suffisent pas.
De fait, il faut «voir», sur le manche, la gamme dont on est tiré l'accord, afin d'y puiser les notes manquantes. Et puisqu'on joue habituellement les accords d'accompagnement en position ouverte, il vous faudrait donc visualiser autant de gammes qu'il y a d'accords dans la pièce. Au final, votre répertoire musical vous obligerait d'apprendre toutes les gammes, à moins que vous n'adaptiez toutes vos pièces dans la même tonalité, ce qui vous obligerait tout de même d'apprendre au minimum trois gammes, soit celles des accords I-IV-V !
Je ne sais ce qu'il en est pour vous, mais ma paresse coutumière, luttant continuellement contre mon insatiable volonté de comprendre, me coupe l'envie de me farcir toutes ces gammes en cherchant un substitut plus simple. Et ma paresse, mais surtout mon aversion pour la monotonie m'empêchent de tout transposer dans la même tonalité.
Remarquez que de partir de chacun des accords ouverts constitue une avenue intéressante, surtout si vous considérez qu'en mobilisant les patrons d'accords de base (A,D,E) sur le manche, le «CAGED system» serait utile pour modifier le «voicing» des accords... et des solos. Si cette voie vous parle, allez-y ! Je produirai d'ailleurs un addendum («CAGED system» pour le soliste») au cas où vous voudriez l'explorer.
Vous comprenez néanmoins que la question quant à savoir si on doit partir d'une gamme ou d'un accord est plutôt rhétorique puisqu'un accord est fabriqué à partir d'une gamme. Mais comment fera-t-on pour ne pas se farcir toutes les gammes, ni le «CAGED system» ? Vous verrez, ça ne sera pas sorcier et ça ne fera pas mal !
V - Le secret du Blues !
Au fil de mes lectures, je me suis rendu compte que cette question rhétorique gamme vs accord m'a longtemps égaré. De fait, si comme moi vous avez consulté des partoches de Blues, vous savez qu'on y rencontre le plus souvent des Blues en Mi, Ré, La et Sol et que les accords d'accompagnement, comme je l'ai indiqué à propos des suites I-IV-V, sont de fait des accords majeurs. Bon, les accords de 7è sont fréquemment retrouvés, mais les accords mineurs sont rarement rencontrés, n'est-ce pas ? N'en êtes-vous pas surpris ?
De fait, en Blues, l'expression de la souffrance de l'âme n'appellerait-elle pas l'usage des gammes (et accords) mineures, décrites comme apportant un élément de tristesse, au contraire des omniprésentes et réputées énergiques et joyeuses gammes (accords) majeures ?
Pour tenter d'y voir plus clair, livrons-nous à une petite analyse comparative. Rien de très lourd ni ésotérique, rassurez-vous! Prenons le Do en première position (accordage standard) :
Voyons donc la gamme de Do (majeure) sous-jacente :
Si cette numérotation s'apparente pour vous à du chinois, voici la termnologie anglo-saxonne (plus compacte, schématique que la dénomination française):
Comme cette gamme de Do majeur comporte beaucoup d'information, du moins plus d'information que nécessaire pour les fins des démonstrations à venir, voyons si on peut l'alléger en élaguant quelques notes. Pour ce faire, référons-nous à des gammes simplifiées connues, soit les gammes pentatoniques mineure et majeure correspondantes, la gamme majeure éliminant la quarte et la septième, tandis que la gamme mineure, en particulier, escamote la seconde et la sixte.
Gamme MAJEURE pentatonique de Do (la Tonique est en majuscule «T») :
Gamme MINEURE pentatonique de Do (la tonique est en minuscule «t») :
J'ai mis la tierce et la septième entre guillemets pour bien souligner qu'elle sont bémolisées, abaissée d'un demi-ton par rapport à la gamme majeure.
Constats :
- Par définition, les deux gammes, mineure et majeure, ont la même tonique (en anglais «root» racine);
- Les deux gammes comportent aussi la même quinte (5);
- si on pense en terme d'accord, c'est la tierce (3) mineure, diminuée d'un demi-ton (une case) en comparaison de la tierce majeure, qui fait la différence;
Remarquez incidemment que la 7è appartient à la gamme mineure.
Pour en revenir à l'objet de la démonstration : où se situe donc l'accord de Do par rapport aux gammes pentatoniques ? Par définition, notre accord de Do est majeur. Mais Do 7è empruntera à la gamme mineure ! Tiens donc ! Êtes-vous surpris ?
Enfin, Si vous allez chercher ce qu'il est convenu d'appeler la «gamme de Blues», vous constaterez qu'il suffit d'ajouter la «blue note», soit b5, à la gamme mineure pentatonique pour l'obtenir :
Donc, le secret du Blues est que l'accompagnement se fait en mode majeur (plus ou moins accords de 7è), tandis que le soliste ira plus volontiers surfer sur la gamme pentatonique mineure !
Le puriste me dira qu'on emprunte aussi aux gammes majeures dans certaines circonstances, comme sur l'accord I de la première mesure. Bon, tenons-nous-z-en à la base, restons dans la simplicité voulez-vous : on utilise la gamme de Blues, mais toute note produisant l'effet désiré est la bienvenue. Tout le monde est content ?! Comme toujours, une fois les règles de base comprises, on peut élargir ses horizons, tous les coups sont alors permis.
Un autre détail, ô tellement important. À la base, un solo doit coller à l'accord sur lequel il est joué. Ainsi, dans un Blues en Do, en vertu de la suite I-IV-V, les solos surferont respectivement sur les gammes dont découlent les accords de Do, Fa et Sol, mais généralement en mode mineur.
Comprenez-vous mieux maintenant pourquoi situer la gamme de Blues appropriée à partir de l'accord majeur constitue un joli casse tête ! L'accord vous aide à situer la tonique les tierce et quinte majeures (et la septième mineure), mais il vous faut impérativement la tierce mineure plutôt que majeure. Bon, je dois dire ici que je me sens comme un représentant qui vend sa salade, on verra plus tard pourquoi.
Si cette règle de superposition des gammes majeure (accord) et mineure (solo) ravive chez vous le spectre des cinq positions de trois gammes distinctes lors de vos solos, n'ayez crainte, je le répète, on vous proposera une vision plus simple des choses ! En fait, c'est la motivation principale qui m'a incité à commettre ces textes à propos du Blues.
Pour le temps qu'il me reste ? PASSION MUSIQUE !!!